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La vigie de septembre 2007 | |||||||||||||||
![]() La vigie de la 214ème semaine devant lOMS |
La vigie au mois de septembre 2007 a été assurée par ...
du 10 au 12 septembre 2007 Me voilà lundi matin 10 sept de retour au carrefour des Morillons, à Genève, à deux pas de lOMS pour une nouvelle présence. Carrefour qui na pas changé depuis le 1er jour de laction. Toujours ce même flot de fauves (voitures) qui mabasourdit, enfin oublions, je suis là pour la bonne cause ... et comme chaque contact est une bouffée doxygène, je vais les décrire : un groupe de japonais (30 personnes) passe derrière nous. Le guide nous présente en signifiant que nous sommes là depuis 5 mois. Nous rigolons avec Paul en pensant que laction va bientôt figurer dans les dépliants du syndicat dinitiative! Il emporte 3 dossiers. Un livreur de lOMS sarrête et nous donne à chacun une pomme, geste sympathique qui fait chaud au cur. Ce lundi, nous aurons eu 2 à 3 bonjours de la part des hommes dentretien de lOMS, autant des chauffeurs de taxi et de bus ainsi que de passants. Ce même lundi, nous avons distribué 9 dossiers dont 2 à du personnel de lOMS: une stagiaire et une personne qui travaille à la fourniture des bureaux et qui nous précise quelle nous voit depuis 5 mois, comme quoi, il faut laisser le temps agir! Mardi matin 11 sept, après lavis de différentes personnes et lavis dune passante pourquoi dites-vous crime à Tchernobyl ? nous avons rajouté une grande pancarte écrite en rouge 500.000 enfants irradiés et malades au Bélarus ignorés par lOMS, pancarte que nous avons trouvé opportun de transformer par la suite au cours de lassemblée générale en : ENVIRON 1 MILLION DENFANTS IRRADIES MALADES AUTOUR DE TCHERNOBYL, IGNORES PAR LOMS afin de ne pas donner limpression de se focaliser sur le BELARUS et délargir à la réalité des 3 pays concernés : UKRAINE, RUSSIE, BELARUS. Avec Paul, nous avons trouvé notre rythme en alternant de temps en temps, ce qui permet vraiment de se dégourdir les jambes et de se réchauffer. Une personne stagiaire au département du sida vient spécialement chercher de linformation (son père travaillait à lONU, il est en retraite). Elle est très intéressée, elle me dit que pour linstant, elle est très observatrice de ce qui se passe au département du sida. Je lui demande si elle entend parler de laction à lintérieur des murs. Elle me dit que non, elle nest là que depuis 8 jours. La trouvant très réceptive, je lui propose douvrir ses oreilles. Elle me répond quelle va le faire bien volontiers, elle emporte un dossier. Repassant par là laprès-midi, sur le trottoir den face, elle menvoie de grands bonjours. Anne-Cécile, de Contratom, nous apporte de bonnes gâteries, merci Anne-Cécile ! Après-midi: visite dun homme de la sécurité de lOMS. Il nous demande si nous avons lautorisation jusquà fin septembre ? ou jusquà la fin de lannée ? Nous lui précisons que nous navons pas dobligation de la lui montrer puisque nous ne sommes pas sur le territoire de lOMS. Il voudrait en faire une photocopie. Considérant que nous navons rien à cacher et que cela nenlève rien à notre résistance, nous la lui prêtons. Il nous dit quil est avec nous, quil a deux enfants et quil nous comprend, il parait sincère. Alors je me suis demandée si la très grande nouvelle affiche écrite en grosses lettres rouges 500.000 enfants irradiés et malades au Bélarus, ignorés par lO.M.S, ny était pas pour quelque chose, pour avoir la visite à quelques heures dintervalles dun bureaucrate du département des technologies venant nous faire la morale et dun agent de la sécurité de lO.M.S. ? Donc, mardi, 8 dossiers distribués dont 2 à des personnes travaillant à lO.M.S. Mercredi 12sept, des bonjours, des pouces levés comme les autres jours. Un homme sarrête en voiture à côté des pancartes, baisse sa vitre et me donne un paquet de gâteaux et deux invitations pour la journée internationale des séniors organisée par la ville de Genève et lO.M.S. Je nai pas le temps de lui demander qui il est, ça lui corne au derrière, il est déjà reparti. Tiens, on prend soin de nous! Affaire à suivre. Ce jour, 9 dossiers distribués dont 2 à des personnes de lO.M.S. En 3 jours, nous avons remis 26 dossiers dont 8 à des personnes de lO.M.S. Cest une belle expérience de participer à cette chaîne de vigies, je me suis sentie certes fragile, démunie devant cette grande administration quest lO.M.S. mais paradoxalement, même seule à ce carrefour, je me sentais bien à ma place, forte de la voix de ce peuple de Tchernobyl et reliée à ceux et celles qui mavaient précédés en ce lieu. Il me faudra revenir, les fissures ne sont pas encore assez importantes dans les consciences pour que les voix se fassent entendre... Thérèse Raitière Jajoute ma petite séquence avec cet employé de lOMS. Un homme sapproche, la cinquantaine, on se salue. Je lui demande sil veut de linformation. En réponse, il me montre la nouvelle pancarte que lon vient dinstaller 500.000 enfants ... ignorés par lOMS Il me dit cest faux, ce que vous affichez là. LOMS fait son travail. Et me montrant, lautre pancarte, il me dit: lOMS ne ment pas, lOMS ne peut pas mentir. - Vous travaillez à lOMS ? - Oui, je suis au département des technologies. - Vous pensez donc quil ny a pas eu plus de 54 personnes qui ont trouvé la mort suite à laccident de Tchernobyl ? - Absolument, puisque lOMS le dit. - 800.000 personnes ont été soumises à des doses élevées de radiations voire très élevées...( il me coupe) - pas 800.000, 200.000 - Le chiffre de 800.000 est officiel mais tablons sur 200.000 puisque vous y tenez et pensez-vous quil est possible quil ny ait que 54 morts parmi ces 200.000 personnes que vous consentez, qui ont subi de très fortes radiations et dont certaines ont manipulé le graphite à main nues. - Oui, cest possible, on peut supporter sans problême une certaine dose de radiations. - Vous mintéressez. Mais plutôt que de continuer une discussion qui risque de demeurer stérile, je vous propose une expérience qui pourrait vous donner des chances de me convaincre. Je me débrouille pour trouver des matériaux radioactifs équivalents en rayonnement à ce que les Liquidateurs ont manipulé et sans davantage de protection, vous procédez aux mêmes manipulations. Ensuite, on voit comment vous vous portez. Je ne plaisante pas, laissez-moi votre contact. - Donnez-moi un dossier, je le consulterai, me coupe-t-il. - En anglais ? En français ? - En anglais. Deux dossiers, ce serait possible ? - Bien sûr. - Merci. Et sans plus tarder, il est reparti tout droit en direction du bâtiment OMS. Le lendemain, nous avons récupéré le rapport sur la santé dans le monde 2007 produit par lOMS. Au chapitre accidents industriels page 30, il est question de Tchernobyl. On y lit : ...environ 35.0000 nettoyeurs ou Liquidateurs issus de larmée, du personnel de la centrale, de la police locale et des services du feu ont été chargés dès le début de contenir et de nettoyer les débris radioactifs en 1986 et 1987. Quelques 240.000 Liquidateurs ont reçus des doses élevées de radiations en menant des activités importantes datténuation dans une zone de 30 km autour du réacteur. Plus tard, les Liquidateurs enregistrés ont atteint le nombre de 600.000, mème si seule une petite partie dentre eux a été exposée à des niveaux élevés de radiations. Chercher lerreur! Il est écrit plus loin : Le même rapport a révèlé que les conséquences les plus graves à long terme sur la santé publique concernaient la santé mentale. Outre le manque dinformations fiables données aux personnes affectées au cours des premiêres années ayant suivies laccident, la méfiance à légard des informations officielles sest répandue, de même que la tentation dimputer à tort la plupart des problèmes de santé à lexposition des radiations de Tchernobyl. Nous avons regretté, Thérèse et moi, ne pas avoir eu en main ce dossier quand cet homme est venu. Nous lui aurions montrer, entre autre, le chiffre des 600.000 Liquidateurs cités par lOMS et nous lui aurions aussi demander de nous expliquer ce quest une petite partie de quelque chose afin de comprendre comment 240.000 est la petite partie de 600.000 ! Paul Roullaud
du 13 au 14 septembre 2007 Jeudi 13 septembre 2007 Pour la seconde fois, Jocelyne et moi assurons la vigie (1ère fois les 12 et 13 juillet 2007) Dès 8h, nous sommes sur place et Paul nous passe lessentiel des consignes. Je trouve lidée de la pancarte 500.000 enfants irradiés…etc, excellente. Elle est en français et très lisible. Dès 8h 8h15, cest la ronde infernale des grosses cylindrées et CD (Corps Diplomatique) dont les occupants se donnent une importance quasi méprisante. La plupart sont indifférents à notre présence. Pourtant, je remarque davantage de signes amicaux quen juillet. Est-ce parce quils ont remarqué le changement de vigies? Un monsieur vient à notre rencontre et marque sa solidarité dans laction. Il demande à signer la pétition sil y en a une (pétition que je ne trouve pas et javais oublié qu’elle est disponible dans le dossier de presse). Le monsieur prend un dossier en français. La matinée passe très vite. Une dame arrête sa voiture sur le trottoir, contre la haie qui longe lOMS. Elle nous indique quelle était intriguée par cette vigie permanente et souhaite en savoir plus. Elle nous informe quelle est aux Nations-Unies et bien que très attentif, je nai pas bien saisi sa fonction. Elle ignorait cet accord OMS/AIEA et je décèle chez la dame une grande contrariété. Elle promet de lire sérieusement et de voir ensuite le dossier en français que je lui remets. Je ne suis pas sûr, mais il me semble quelle portait sur son gilet un médaillon à lemblème de lUNICEF. La dame nous quitte en disant: Cest peu ce que vous faites, mais ça marque les esprits. Ce contact me semble important et malgré sa discrétion, elle nous a fait comprendre quelle pouvait intervenir efficacement. Est-ce une parole en lair? Peut-être pas. Après tout, ne sommes-nous pas stratégiquement placés au cur des organisations internationales! Nous aurons droit à un pouce levé de la part dune accompagnatrice dans un car de touristes. Un taxi sarrête pratiquement à notre hauteur pour lire nos pancartes. Il repasse quelques minutes plus tard, pouce levé. Le soleil est de la partie et nous aide bien à supporter cette ronde de véhicules rutilants, pollueurs. Quelle contradiction avec lOMS qui prône la santé pour tous, alors quune grande partie du personnel de cette organisation pollue allègrement à coups de 4 x 4 et de grosses berlines… Deux jeunes femmes à pied et venant de lOMS sinforment de notre action. Cest pas très simple car elles sont écossaises et lune delle sexprime difficilement en français (moi encore plus mal en anglais!). Nous parvenons cependant à nous comprendre et elles repartent avec chacune un dossier de presse en anglais. Elles nous ont confirmé quelles travaillent à lOMS. Je crois que notre action est positive en ce sens que les gens de lOMS sinforment et cest déjà beaucoup. Après tout, ne sommes-nous pas là pour ça! Informer ces personnes qui demandent finalement de linformation sur leur employeur. Un monsieur arrive à pied depuis lOMS. Il se présente comme étant le directeur du département médicaments de lOMS. Il insiste beaucoup sur le sens exact de notre action, de notre démarche, précise-t-il. Il ajoute que ça lintèresse vraiment. Il nous quitte avec un dossier en anglais sous le bras. Ah oui, il a demandé si beaucoup de personnes de lOMS venaient sinformer. Sur ce je reste évasif, on ne sait jamais. Il a demandé aussi si Madame Chan, la présidente générale de lOMS était informée! Ce à quoi je lui réponds avec un rien dironie que si ce nest pas le cas, il peut informer lui-mème Madame Chan. Nous sommes pris en photo par le passager dune voiture….Qui nhésite pas à freiner le flot de la circulation. Sa façon de nous photographier rappelle un peu les visiteurs dun zoo, sauf que là, cest nous qui sommes dehors! La visite dune dame du voisinage avec son chien coupe un peu la monotonie de laprès midi, ainsi que quelques signes amicaux. De 16 à 17h, le balais des véhicules commence, assez fluide, puis sintensifie à 17h. Ils arrivent face à nous. Nous remarquons ceci: Les conducteurs fuient notre regard! Notre présence les embarrasseraient-ils? A moins que ce soit la réalité de ce que nous dénonçons depuis près de cinq mois qui les met mal à laise. Cette réalité cachée par les plus hautes instances internationales. Tous ces gens de lOMS, bien installés dans le confort de leur statut social prennent-ils la mesure de lampleur de cette catastrophe humanitaire que fut, et qui est toujours et pour longtemps, une plaie douloureuse du genre humain. Depuis cinq mois, nous leur jetons à la face quelque chose qui leur fait peur! Et quils réfutent parfois, mettant en cause lénormité de Tchernobyl et les chiffres des victimes. Le personnel de lOMS peut-il se regarder dans sa glace le matin, après nos cinq mois de présence à leur rappeler la souffrance de ces millions denfants de Tchernobyl, des centaines de milliers de Liquidateurs sacrifiés. Lespèce humaine est-elle insensible à ce point ? Vendredi 14 septembre 2007 Ce matin, il semble que le personnel de lOMS commence plus tôt ! Sans doute parce que nous sommes vendredi. Dès 7h45, le flot continuel des véhicules nous prend les oreilles dassaut. Un peu plus de signes amicaux ce matin…Et oui! Cest la fin de semaine et ça rend de meilleure humeur. Tous ces gens oublient notre présence et ce qui va avec, le temps dun week-end. Le soleil est très timide mais vers 9h30, le ciel est complètement dégagé. Matinée calme ponctuée de signes amicaux venant des chauffeurs de bus et taxis. Nous constatons que les citoyens suisses sont plus ouverts que les français. Ces derniers nous dévisagent comme des bêtes curieuses! (si …si…). Une femme dorigine indienne nous salut par deux fois avant de rentrer dans le bâtiment annexe de lOMS. Cette personne hésite à prendre contact avec nous. À midi, nous avons la visite de deux dames très âgées. Lune delles est la propriétaire du lieu situé derrière nous et sur lequel elle nous autorise à laisser le matériel le soir. Elles nous félicitent pour laction (ça ne fait pas de mal!) et repartent avec chacune un dossier en français. Puis ce sera une autre dame du canton de Vaud qui souhaite en savoir un peu plus sur laction car, dit-elle, ça commence à en parler autour de chez elle. Tant mieux, cest le but! Elle aussi repart avec un dossier en nous encourageant. Une autre dame anglaise sinforme et comprend très vite que lOMS na plus lindépendance quelle devrait avoir. Elle est choquée et repartira aussi avec un dossier. Un couple dorigine chinoise passe tout près de nous. Monsieur lit les pancartes. Madame vocifère. Le contact est exclu! Madame sénerve et attend son mari qui a pris du recul pour nous prendre en photo. Ah le tourisme !! Il y aura aussi cette dame qui nous parle du Bélarus avec beaucoup démotion. Elle nous explique quelle est allée là-bas il y a quelques mois. Depuis, elle souffre beaucoup de savoir que les gens continuent de se contaminer en mangeant leurs productions potagères. Nous ne saurons jamais quelle était la véritable raison de son séjour au Bélarus, ni son rôle exact. Elle nous a quitté en sexcusant, submergée par lémotion. Cette dame de Genève nous parle du CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire) et de son mari qui y travaillait. Il a reçu une forte dose dirradiations et il est aujourdhui atteint dune leucémie. Jai moi-même travaillé au CERN il y a un peu plus de vingt cinq ans comme électromécanicien et je connais assez bien ce problème dexposition aux radiations ponctuelles. Il est 16h, lOMS va bientôt se vider de tous ces gens qui uvrent pour la santé dans le monde, en ignorant Tchernobyl. Le paradoxe de cette institution! Un cycliste nous salut en nous souhaitant un bon week-end. Les grosses berlines et les bus vides se succèdent. Les regards fuient le nôtre. Passé le carrefour des morillons, ils nous ont très probablement oubliés. Ils pensent au gazon quils vont tondre en arrivant chez eux, pour faire bien comme il faut le samedi avec leurs invités… Tchernobyl, où es-tu ? Si laction continue (hélas!) Il faut être réaliste, nous reviendrons, malgré la distance. Nous souhaitons bon courage à toutes celles et à tous ceux qui se succèderont dans cette action de vigie. Agir! Toujours, tant que le cri dune seule victime retentira. Jocelyne et Marcelin Grousselas
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