Por la independencia de la OMS
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Qué es la vigía ?
Vigías de la 213° semana





Las personas que hicieron la vigía en el mes de agosto de 2007 fueron ...

Christophe Rialland y Émilie Leroy - del 6 al 9 agosto de 2007
Pascale Bartélémi - del 13 al 16 agosto de 2007
Hannelore Schmid y Carole Bouvier - el 17 agosto de 2007
Monique Guittenit, Maarteen Bronkorst y Liliane Deroche - del 20 al 24 agosto de 2007
Séverine Durand y Karine Plantier - del 27 al 31 agosto de 2007
Éric Bonnaire, Karine Plantier, François Simonet y Séverine Durand - del 28 al 30 agosto de 2007


Christophe Rialland y Émilie Leroy delante de la OMS du 6 au 9 agosto de 2007
Christophe Rialland (Pipriac-Francia) y Émilie Leroy (Pipriac-Francia)
del 6 al 9 agosto de 2007


Lundi 06 agosto de 2007
Notre très serviable hébergeuse nous accompagne pour ce premier jour afin de nous aider à trouver le lieu et à nous installer. Nous sommes prêts dans les temps, notre accompagnatrice s’en va, la journée peut commencer... Au bout de quelques minutes, on se dit que la journée va être longue! L’attente, le bruit, les gaz d’échappement, l’indiffèrence des gens, peut-être la chaleur … Quelques sourires timides animent la première heure de notre permanence et à 8h55, nous distribuons notre premier dossier de presse à une personne en costume parlant anglais (la personne, pas le costume !). Il semble intrigué par l’action et intéressé par la cause. Les sourires (même le service postal s’y met) et bonjours continuent tranquillement jusqu’à 9h30, moment d’un début de calme dans la circulation. Le soleil est là (nous sommes à l’ombre), les voitures brillent et rutilent! Depuis 9h20, Émilie a déjà faim … Moi, je m’acharne à tenter de lire le texte du macaron accroché à de très nombreux rétroviseurs intérieurs. J’y parviens enfin non sans effort: “Rien à déclarer”. C’est vrai que nous sommes tout près de la frontière … L’endroit est très calme de 10h à 12h. Beaucoup de gens en vacances sûrement … Une dame en fauteuil roulant vient nous rendre visite vers 12h15. Elle restera jusqu’à 13h environ et nous explique qu’elle est déjà venu plusieurs fois et qu’elle a fait connaissance avec nos prédécesseurs voire lié amitié avec certains (pas tous !). A 13h10, Émilie s’en va manger à la cafétéria à quelques dizaines de mètres de là. Selon les indications des permanents précédents et des organisateurs de l’action, c’est bien pratique et raisonnable en prix. Pendant ce temps, vers 13h20, j’aperçois dans une voiture le premier pouce franchement levé d’une dame. Que ce genre de chose fait du bien! A 13h45, c’est à mon tour d’aller manger, je vais aussi à la cafétéria. Après une salade de crudités (chère payée à mon goût), je suis de retour. Nous échangeons nos premières impressions sur l’action que nous sommes en train de mener: inutile, invisible, décevant sont nos premiers ressentis. On se sent ignoré, loin de l’OMS, presque invisible. Peu importe, nous irons au bout! Vers 14h35, un chauffeur de bus nous salue, un autre nous sourira vers 16h. A 15h15, notre visiteuse en fauteuil revient avec des pâtisseries. Délicate attention de sa part, qu’Émilie apprécie tout de suite en dévorant sa tartelette aux pommes. Notre bienfaitrice du jour s’en va en nous menaçant de revenir les jours prochains… Vers 17h, un homme à vélo s’arrête juste devant nous pour nous prévenir qu’il est déjà passé devant la permanence et qu’il a récupéré un dossier de presse qu’il a envoyé à Gorbatchev car celui-ci s’occupe de ce genre de chose. Il serait intéressé pour participer à l’action mais lorsqu’on cherche à le mettre en relation avec l’organisation, il nous explique qu’il habite à 25 km, qu’il n’a que son vélo et qu’il n’a pas le téléphone. Il s’en va … Un Péruvien vient nous demander des informations à 17h45, il nous prend en photo et nous dit qu’il fera paraître un article dans un journal qui intéressera sûrement. Après son départ, nous regrettons de ne pas lui avoir demandé plus d’info sur la parution de cet article et éventuellement des coordonnées. Juste après, Carole de Genève (ce n’est pas son nom ! mais la façon dont elle se présente à nous) nous rend visite pour savoir comment se passe notre journée et nous dire qu’elle nous remplacera vendredi matin. C’est la fin! Il est 18h, nous rangeons les affaires avec Carole et nous empressons de rejoindre la voiture garée sur l’un des parkings du centre John Knox. La journée fût longue et fatigante (posture du bipède) mais pas aussi pénible que les premières minutes auraient pu nous le laisser penser. On recommence demain …

Mardi 07 agosto de 2007
Nous ne sommes pas trop dans les temps alors je décide de déposer Émilie en haut du chemin de la Riole afin qu’elle puisse être présente pour 8h au carrefour des Morillons. Je gare la voiture au même endroit que la veille et m’empresse de la rejoindre. Vers 8h05, je finis la mise en place des panneaux et me poste aux côtés d’Émilie qui était là à l’heure pile. La fatigue et l’usure sont déjà là (les séquelles de la veille). Nous décidons de jouer aux glands. Chacun lance un gland sur la route et celui dont le gland se fait écraser en premier gagne le point. Bien parti au départ, Émilie me rattrape et remporte le match (rallongé à 10 points au lieu de 6 lorsque je gagnais …). Faut pas grand-chose pour s’occuper et se changer un peu les idées … (mais je suis sûr que d’autres nous imiteront maintenant) Pendant notre jeu passionnant, nous avons réfléchi à d’autres solutions pour s’occuper comme la projection de vidéos sur le mur blanc du bâtiment d’en face. Nous décidons de grignoter un peu pour gagner des forces. Quelques sourires et bonjours parsèment cette matinée mais bien souvent timidement. Quelques caméscopes dans les cars de touristes nous font passer pour des acteurs, des stars ou des monuments. Quelques coucous nous parviennent aussi. A 10h45, la pluie se joint à notre présence. Stéphane passe vers 11h45 pour la photo à destination du site internet www.independentwho.info. Nous discutons un peu, posons pour la postérité puis Stéphane s’en va. Ce genre de coupure fait beaucoup de bien dans une journée car l’attente repart presque à zéro ensuite. Vers 12h, une dame passant dans notre dos nous lance “Bonne chance pour le stop!”. Après quelques explications sur les raisons et le but de l’action, elle nous explique qu’elle comprend notre démarche et que tout ceci fait partie de “la contradiction d’organisations censées être bénéfiques” et qu’il ne faut pas oublier “les milliers de cancers” issus de l’accident de Tchernobyl. Un camping-car immatriculé “ 56 ” (Morbihan en Bretagne, tout près de chez nous) passe devant nous à 12h25 la fenêtre ouverte et nous crie “on vient vous voir!”. Nous l’observons s’en aller sans le voir s’arrêter … A 13h25, Émilie passe à table pour déguster nos sandwichs achetés chez Migros la veille. Quelques chips agrémentent ce fabuleux repas et après un yaourt pêche melba, elle reprend son poste. 14h, un couple et un enfant arrive à pied vers nous. Ce sont nos bretons du camping-car que nous pensions déjà loin depuis leur passage de 12h25. Une discussion d’environ 3/4h s’engage. C’est un bon moment passé à parler de l’action, du pays (ces gens habitent à quelques 25-30 km de chez nous), de nos engagements en faveur de l’environnement: aménagement de maison écolo, chauffe-eau solaire, éolienne particulière … Vers 14h45, nos visiteurs reprennent la route vers Martini en direction de la Suisse. Les adresses mail sont échangées, le contact établi … Je passe à table pour le repas d’anthologie : sandwich, chips et yaourt … à la fraise. Quelques minutes plus tard, vers 15h, un travailleur de l’OIM, le bâtiment abritant la cafétéria, vient prendre des renseignements sur notre présence et s’en va avec un dossier de presse en lançant “moi, je travaille à l’OIM, on a rien à voir avec ça!”. Je rejoins Émilie en discussion avec 3 hommes qui cherchent aussi à s’informer sur notre action apparemment. Les 3 hommes restent sur la route devant nos panneaux et nous questionnent sur le déroulement de l’action. Nous cherchons à savoir où ils ont entendu parler de l’action puisqu’ils nous font comprendre qu’ils sont venus là exprès. Les réponses sont floues et après quelques tergiversations, ils nous révèlent leur identité: Police Judiciaire de Genève! 3 personnes en civil se faisant passer pour des curieux. Après nous avoir montré leur plaque, l’interrogatoire continue et ils nous expliquent qu’ils sont venus voir si nous étions “à l’aise”. Nous leur répondons à l’aisement que oui. Les questions fusent ensuite: vous militez pour autre chose que le nucléaire? Les guerres … ? Vous venez d’où ? Comment avez-vous connu l’action? Comment vous êtes-vous inscrit? Vous n’êtes que deux ici !? Vous logez où ? … Notre méfiance et connaissance de ces interrogatoires nous permettent de rester assez flous et de ne pas leur donner d’informations intéressantes pour leur enquête. Nous leur indiquons à l’aisement que nous sommes là à titre individuel dans un acte citoyen … L’un deux semble s’intéresser au sujet et me demande quel chiffre de victimes avancent les autres ONG. Il souhaite garder le dossier malgré la proposition de son collègue de le rendre puisqu’il ne faisait que semblant de demander des infos au départ. “Non, ça m’intéresse”, rétorque-t-il. Le plus jeune d’entre eux (un homme d’environ 30 ans et 2 autres d’environ 45 ans), encostumé, nous demande gentiment une pièce d’identité que nous fournissons toujours aussi à l’aisement. Il note nos identités et l’un de ses collègues nous demande si nous avons déjà eu affaire à la police suisse. Je lui réponds “suisse, non!”. Alors il comprend que j’insinue des “relations” avec leurs homologues français. Je lui explique que lorsque l’on milite contre le nucléaire en France, on est régulièrement contrôlé et donc fiché. Il me répond qu’ici aussi et je conclu que nous sommes tous fichés partout et il confirme par “nous sommes tous fichés, oui !”. La visite se conclue là-dessus et nos charmants “invités” surprises s’en vont. Juste après, une voiture de la police genevoise passe devant nous comme tous les jours de notre présence et parfois plusieurs fois. Vers 16h30, un touriste nous prend en photo et une Mercedes s’arrète juste devant la vigie avec 3 personnes à son bord. Lecture de panneaux et départ … A 17h, quelques encouragements et le second passage, mais cette fois-ci en face de nous, de la dame “Bonne chance pour le stop” qui nous sourit tandis que son ami nous tend un pouce bien haut. Un 1/4h plus tard, un autre pouce nous encourage dans un car de touristes. Il est 18h, nous plions bagage pour profiter de notre soirée dans Genève …

Mercredi 08 agosto de 2007
Nous sommes en poste dès 8h. A 8h30, une dame nous dit “Bravo !“. A 8h45, un homme lève son pouce et nous dit “C’est bien”. Suivent à 9h20 les encouragements d’un chauffeur de bus et à son bord, le sourire de notre Péruvien du premier jour. La journée commence bien… Divers bonjours, parfois habituels, et sourires égayent notre matinée. Un employé des espaces extérieurs nous salue. J’improvise une petite chanson qu’il ne faudra surtout pas retenir et encore moins la chorégraphie que l’on devine dans les paroles: “j’tape le bas de mon tablier avec les genoux (3 fois), avec mes genoux !”. Décidément, cette vigie nous fait vraiment faire n’importe quoi ! Mieux vaut reprendre notre jeu du gland. Vers 9h45, l’homme à la Polo grise de la veille nous salue franchement à nouveau. A 10h05, un groupe d’asiatiques s’intéressent à nous et repartent avec leur dossier de presse après quelques photos. A 10h30, ce sont 3 cyclistes cette fois-ci qui s’arrêtent devant nous pour quelques explications et un dossier de presse (pour retenir l’adresse du site internet). Vers 11h10, c’est une dame qui nous dit “J’admire beaucoup votre courage! Comment souhaitez-vous publier votre action ?”. “En dérangeant les gens de l’OMS par cette présence permanente”, nous lui répondons. Elle : “C’est eux qui devraient bouger ! Bon courage !”. De 11h55 à 12h15, c’est le moment d’essayer les tenues de pluie mise à la disposition des personnes en poste. Très efficace ! Pour le look … Vers 12h10, Carole nous a rejoins pour une visite d’une demi-heure avec l’offrande d’un produit arménien que nous dégustons avec plaisir. L’homme à la Polo grise passe et nous salue. Carole nous propose de nous remplacer 3/4h, le temps qu’on aille manger mais nous refusons sa délicate proposition car nous n’avons pas encore faim. Elle part boire un café et reviendra vers 13h15, en même temps que la pluie. Une conductrice nous tend un pouce franc à 13h40 avant de se diriger vers l’OMS. A 13h50, un habitant du quartier intrigué depuis le lundi vient à vélo pour nous interroger sur l’action. Nous discutons avec lui quelques instants et il lance “un pavé de plus dans la mare de l’OMS !” avant de s’en aller voir le site www.independentwho.info. 14h15, repas pour moi. Au retour, un Corps Diplomatique nous salue vers 15h. Puis à 17h, ce sera un homme en scooter. Depuis 16h, la grosse pluie a commencé. Les personnes compatissantes sont nombreuses dans les voitures et une femme dans une voiture à plaque CD nous montre au passage 2 pouces pour nous encourager. Un chauffeur de bus nous salue, l’un d’entre eux le fera tous les jours d’ailleurs accompagnés de sourire à chacun de ses passages. Juste avant la fin de notre troisième journée, nous apercevons le bonsoir habituel de l’homme au 4x4 noir avec les porte-skis. Il est l’heure pour nous d’aller nous mettre au sec car nos 10 heures du jour sont effectuées …

Jeudi 09 agosto de 2007
C’est notre dernier jour de permanence et nous adoptons le fonctionnement du second jour pour qu’Émilie puisse être présente à 8h05 en attendant que je gare la voiture et que je la rejoigne. Vers 8h12, tout est en place. Il fait froid ! (la veille 12°C au retour à la voiture) Vers 8h15, une voiture nous fait 2 passages avec un pouce levé. Quelques bonjours et signes comme tous les jours et même un bonjour des agents de police passant en voiture devant nous. Deux Chinois trés intéressés par notre action s’informent, prennent un dossier et l’homme se fait prendre en photo entre nous 2 par son accompagnatrice. Ils nous souhaitent bon courage en partant et lui nous indique “Je vais le distribuer en Chine !” en nous montrant le dossier. Un peu d’animation nous attend vers 9h40 quand 2 vigils surgissent et pressent le pas sur le trottoir d’en face. Ils se dirigent vers le parking de l’OMS un peu plus bas où un chef vigil les rejoint. Un attentat ? Des criminels ? Une manifestation ? Il s’avère, en fait, que ce n’est qu’une voiture en panne. A son retour, l’un des premiers vigils nous dit bonjour. Son chef qui le suivra ne se donnera pas cette peine. A 9h55, c’est la police en voiture qui nous fait un signe de la tête. 10h15, les gars de la voirie de Genève semblent vouloir discuter pour passer le temps. La pluie les prive de travail, ils n’ont rien à balayer nous indiquent-ils. Pendant 30 minutes environ, nous discuterons de l’OMS, ses employés, la ville de Genève, les autres grandes organisations avec notamment l’OMC qui exige auprès de la ville la construction d’un nouveau bâtiment plus grand sous menace de s’en aller. Il est l’heure pour eux de continuer leur … route. 11h, un taxi nous salue. 11h30, une genevoise s’arrête et nous dit “C’est le pognon qui mène tout !”, s’informe et nous encourage. Nous lui offrons un dossier qu’elle veut nous payer mais nous lui indiquons que c’est gratuit. Elle nous laisse 10 francs (suisses) pour nous offrir du café. Elle vient, sans le savoir, de faire un don à l’association “Les enfants de Tchernobyl”. Elle nous dit “C’est très courageux ce que vous faites, j’espère qu’il y aura un résultat !”. Entre temps, la pluie nous rend à nouveau visite. A midi, des Français en 206 bleue originaires de l’Ain (01), nous balancent par la fenêtre “Bravo, bon courage !”. Lors de leur second passage, un pouce se lèvera. A 12h15, notre ami à la Polo grise nous salue à toute allure ! Émilie prend son repas vers 12h45 et me rejoint rapidement. Une voiture du 38 nous lève un pouce vers13h40 et je m’en vais prendre mon repas. Il pleut tellement que je vais m’abriter sous la terrasse de la cafétéria en face de la permanence. A mon retour, je range les affaires au mieux pour qu’elles ne trempent pas trop mais le mal est déjà fait. Je m’accroche des sachets plastiques aux pieds pour éviter de finir gorgé d’eau. Belle allure mais efficace ! Enfin … au départ car les chaussures finiront trempées ! Il faut vraiment des bottes avec les parkas très pratiques et efficaces. Je reprends ma place à côté d’Émilie. Selon elle, nous avons l’air de crapaud. Un étranger dans un gros 4x4 s’arrête devant nous, lit les affichettes et repart en nous montrant un pouce tendu. 2 Corps Diplomatiques nous feront l’honneur de leur approbation à coups de pouces mais les encouragements ne sont pas très nombreux sous cette pluie battante qui nous aura obligé à rester debout en permanence pendant 10h ! Une dame promenant son chien, déjà vue les jours précédents, s’arrête et constate notre abnégation par tous les temps. Elle s’inquiète pour nous et espère que nous pouvons prendre quelque chose de chaud de temps en temps. Elle reviendra environ 1 heure après avec du café chaud et 2 tasses. Elle nous offre donc sous la pluie ce café du soutien et nous dit son admiration. Nous la remercions de sa délicate attention et reprenons notre place. La petite dame nous ayant encouragé quelques jours auparavant (le mercredi matin) repasse et nous réitère son admiration face à notre ténacité par tout temps. Elle remarque mes jolis pieds ensachés et me félicite de ma trouvaille. Elle s’en va en nous encourageant encore. Un peu plus tard, la jeune fille de la veille aux 2 pouces levés dans sa voiture Corps Diplomatique repasse et réitére son geste. Un peu de réconfort (très rare en ce jour) fait le plus grand bien. Émilie est épuisée mais moi, le café m’a fait le plus grand bien. Les 2 dernières heures qui nous restent seront longues mais cela est surtout dû à la pluie et au froid qui nous obligent à garder la même posture figée pendant de longs moments. L’heure de la délivrance arrive enfin ! Rangement, nous sommes trempés (toutes les affaires aussi), très fatiguée pour certaine mais fiers de notre geste citoyen. Nos 4 jours de vigie sont passés et maintenant, tout ça ne nous paraît plus si long. Nous passons rapidement jeter un œil au bâtiment de l’OMS, prenons quelques photos sous la pluie puis nous dirigeons vers la voiture car nous attendent maintenant quelques heures de trajet pour retrouver notre lit à quelques 1.000 kilomètres d’ici. Petite étape pour acheter du chocolat et surtout repasser chez notre logeuse pour nous sécher un peu, récupérer nos affaires et la remercier chaleureusement.

Merci au groupe de permanents et d’organisation ! Merci à notre hébergeuse pour son accueil, sa générosité, sa disponibilité, sa gentillesse, son aide et son dévouement ! Merci pour le matériel mis à disposition. Merci à Bernard pour son plan de Genève ! Et merci à la Police Judiciaire de Genève (qui nous lit peut-être d’ailleurs en ce moment même) d’être venue prendre soin de nous en s’inquiétant de savoir si nous étions à l’aise !
IMPORTANT ! Signaler à tous les personnes participant à l’action d’être très vigilantes (normal pour des vigies) et méfiantes vis-à-vis de tout le monde pour éviter de se faire pièger et donner des informations “confidentielles” à des gens malintentionnés. Pour rappel, la Police Judiciaire était en civil et s’est fait passer pour de simples curieux en posant plein de questions avant de révéler leur vraie identité.
Désolé pour la longueur de ce compte-rendu et les détails sans doute parfois pesant et inutiles mais j’avais pris des notes et la notion d’heure donne peut-être plus d’indications sur le déroulement d’une journée et de la façon dont le temps s’écoule. Au final, cette présence aura été longue mais raisonnablement, fatigante mais on s’habitue à la position verticale sur la durée, humide mais de quoi se plaint-on ? mais surtout nécessaire pour espérer obtenir quelque chose. Nous ne sommes que les maillons d’une belle chaîne de solidarité qui durera jusqu’en mai nous espérons, mais au mieux jusqu’à l’amendement ou la suppression de ce put… d’accord ! Que représente notre souffrance sur quatre jours de nos petits corps d’occidentaux privilégiés (je sais, je l’ai déjà dit par mail) comparé à la souffrance terrible et permanente des victimes de Tchernobyl et surtout du mensonge d’une organisation reniant sa constitution !

Ah si, j’oubliais ! Nous avons découvert plein de modèles de voitures tous plus gros les uns que les autres … Vive la Suisse propre !
Et surtout, bon courage à nos suivants …
Christophe Rialland
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Pascale Bartélémi (Latouille-Lentillac-Francia)
del 13 al 16 agosto de 2007
Pascale Bartélémi delante de la OMS del 13 al 16 agosto de 2007

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Hannelore Schmid y Carole Bouvier delante de la OMS el 17 agosto de 2007
Hannelore Schmid (Onex-Suiza) y Carole Bouvier (Ginebra-Suiza)
el 17 agosto de 2007

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Monique Guittenit, Maarteen Bronkorst y Liliane Deroche delante de la OMS del 20 al 24 agosto de 2007
Monique Guittenit (Lusigan Petit-Francia), Maarteen Bronkorst (Avessac-Francia) y Liliane Deroche (St Etienne-Francia)
del 20 al 24 agosto de 2007


Voyage en train (de nuit pour moi qui vit près d’Agen et de l’aube pour Liliane qui vit à St Etienne) avec réception par Carole Bouvier à la gare un peu avant 9h; le temps de navettes en bus pour laisser les bagages chez elle, retrouver le sac de matériel etc.. nous avons pris notre vigie avec retard… et retrouvé Marteen qui nous cherchait et nous a accompagné quelques heures ce jour là (tous les gens à qui il a demandé où était le lieu de l’action le connaissait...) Comme dans tous les c.r., et moins poétiquement dit, nous avons eu la noria des voitures de luxe avec 1 personne, la dizaine ou vingtaine de saluts de soutien quotidiens, de contentement de nous voir (une femme à pied qui le lundi nous dit, “ah vous êtes là, bravo !”) les bus de touristes (italiens plus réactifs que les autres) dont le guide lit les panneaux et gestes d’approbation des passagers (ou le petit train touristique), la visite, en voisins, de Yann, Odile , Philippe de Genève, Pierre de Nantua, et Aziz d’Oyonnax, de Bruno Boussagol et bien sûr le soutien de Carole qui nous a assuré un hébergement chaleureux et bio… Le lieu de vigie et l’impact: le carrefour est génial et tape dans le mille les personnes de l’OMS et les touristes qui viennent en ce lieu. Nous avons ressenti comme forte, la présence de 2 (ou 1) personnes seules à ce carrefour, debout au milieu des panneaux (nous n’étions pas toujours debout mais environ la moitié du temps, quand il y avait le plus de passage); bien sûr une grosse majorité d’indifférents, mais difficile pour eux de faire comme s’ils ne savaient pas. Les enfants sont plus curieux de notre action ainsi que les non européens (+ critiques vis à vis de l’OMS ?). Nous sommes à fond pour la durée de l’action jusqu’en mai, d’où nos suggestions (voir à remarques matérielles) pour encore faciliter les choses. La plupart des gens de l’OMS qui sont venus nous voir, ont fait référence au fait qu’ils voyaient les panneaux depuis longtemps et prenaient ce jour là le temps de venir; c’est donc l’action dans la durée qui paye. La plupart des personnes parlent anglais (pas facile pour nous de mobiliser nos souvenirs scolaires…) et prennent un dossier dans cette langue… donc à mettre en plus grand nombre. Contacts avec discussion et dossier donné:
Lundi 20: Un Egyptien travaillant à l’OMS qui vient chercher un dossier (avec sa femme et son fils). Une Italienne qui prend un dossier et veut faire signer les pétitions à Venise
Mardi 21: Pierre de Nantua donne 2 dossiers à une femme du service de sécurité de l’OMS. Des Hollandais de passage prennent un dossier. Une jeune femme de La Barbade travaillant sur le site (n’a pas dit où) est stupéfaite d’apprendre le blocage de l’OMS sur ce dossier, est très intéressée et prend un dossier en français et en anglais pour faire suivre. On en donne à 5 jeunes passés là par hasard (en effet des gens nous demandent leur route..)
Mercredi 22: pas de dossier donné mais un Africain qui va à la Croix Rouge nous dit que c’est grâce à ce genre d’actions que les choses bougent; des bus de touristes avec pouce levé etc.. Des personnes s’arrêtent pour lire ou faire lire à leur passager…
Jeudi 23: 2 salariés de la ville viennent discuter et prennent un dossier. Un journaliste hollandais, venu faire un reportage sur Genève, nous découvre, fait des photos, est emballé par l’action et prend un dossier (petit journal sans doute : Het Parool). Une jeune femme qui travaille sur le site est étonnée de l’attitude de l’OMS et prend 2 dossiers. Elle vient de faire une conférence sur les armes bactériologiques. Elle nous encourage à continuer.
Vendredi 24: une femme qui travaille à l’OMS vient demander des renseignements et prend un dossier. Un Russe qui travaille (ou travaillait) à l’OMS dans le domaine des maladies infectieuses vient lire les panneaux puis discuter et prend un dossier; il était en URSS au moment de Tchernobyl, dit que déjà à cette époque l’OMS se taisait pour ne pas faire de peine à l’URSS et que cet état a menti puisque sa politique était basée sur le mensonge; il a un liquidateur dans sa famille qui se porte (encore) bien. Un jeune qui dit qu’il faudrait des milliers de gens delante de la OMS, la presse; il prend un dossier. Un monsieur qui dit que l’OMS est “sous influence”, qu’il faut continuer à se battre et prend le dossier. Une femme qui connaît M.Fernex et le dossier nous encourage à continuer et suggère de mettre des organismes comme la Croix Rouge ou des ONG comme “Save the children”, “Médecins sans frontières” etc... avec nous. Elle va essayer des contacts de son côté (amie qui travaille à l’OMS). Un jeune du Zimbabwe envoyé par ses parents qui travaillent à l’OMS vient chercher un dossier et nous encourage. C’était notre dernier jour et tous ces contacts nous ont fait du bien…

Remarques matérielles : rien à dire sur le sac à dos très bien conçu, facile à transporter pour des gens à pied ou en bus comme nous, la proximité des cafétérias, WC, les chemins magnifiques sous les chênes pour la pause, le jardin où laisser les fauteuils etc.. À rajouter: le numéro du bus (8 direction OMS) et le prix (2€ ou 3 FRS). Être 2 est génial car on peut se libérer de temps en temps. Nous avons eu 2 jours et demi avec pluies intermittentes (merci pour les capes) et le reste avec du soleil, les veinardes. Cependant pour nous entre les tickets de bus, le repas de midi à la cafet., nous avons considéré que s’ajoutant au transport en train, la semaine était onéreuse; nous pensons que trouver une caravane et la laisser au centre J.Knox qui prète son parking permettrait de baisser prix de revient et temps de transport pour des gens comme nous qui arrivent par le train, avec pauses au chaud pour l’hiver et gratuites, repas moins onéreux car faits à la caravane etc... Ou alors une chambre ou pièce, peut-être à demander à la paroisse de la chapelle des crêts (qui nous ouvre les WC). Dans ce lieu seraient les dossiers à prendre quand ceux du sac sont épuisés.
Panneau en plus: sur les 500 000 enfants abandonnés par l’OMS. Odile suggère un panneau avec le dessin d’un personnage qui se bouche les oreilles, les yeux et la bouche. D’ac avec une vigie précédente de mettre quelques photos de Fusco dans le sac.

Pour finir une chanson composée un midi où le temps était un peu long et maussade.. (sur l’air des “Canuts”)
Refrain: C’est nous les vigies, nous sommes debout !
Couplet N° 1: Pour que les peuples aient la santé,
l’OMS a été créée.. (bis)
Mais pourquoi donc dans l’peuple du Bélarus
Les malades de l’atome sont oubliés, bafoués- et- tus
Refrain
Couplet N° 2: L’OMS (e) a accepté
La tutelle de l’AIEA
(même air)Les conséquences de Tchernobyl
L’OMS (e-e) les taira
Truquant les chiffres des morts du Bélarus
Liquidateurs, enfants, vos souffrances- sont- tues
Refrain
Couplet N° 3: Mais de jours en jours, de mois en mois
L’information déferlera
(même air)Les consciences s’éveilleront
Lְindifférence crèvera
Balayant les mensonges et lâchetés
Des hommes se lèveront à l’OMS et- ail -leurs
Refrain
Couplet N° 4: Du lobby, de l’AIEA
l’OMS (e) se déliera
(même air)La vérité du nucléaire
Enfin partout éclatera
Enfin soignés les gens du Bélarus
Et enfin rejeté le nucléaire civi- li- taire
Refrain
Monique Guittenit, les paroles peuvent être améliorées….
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Séverine Durand y Karine Plantier delante de la OMS del 27 al 31 agosto de 2007
Séverine Durand (Bouvron-Francia) y Karine Plantier (Sautron-Francia)
del 27 al 31 agosto de 2007


En préambule, cette expérience fût très forte : être 10 heures en femme sandwich, auprès d’un carrefour bruyant, pollué et d’encaisser le mépris d’une majeur partie des personnes travaillant à l’OMS est très dur mais donne aussi encore plus la niaque pour faire en sorte que la vérité éclate au grand jour. Cette action doit continuer même durant les mois d’hiver qui vont arriver, si je peux de nouveau me rendre disponible j’y retournerai. Il me semble très important de continuer à leur mettre la pression et de distribuer les dossiers de presse, qui j’en suis présuadée donneront leurs fruits.

1er Jour : le 27 agosto: Nous avons commencé sous un magnifique soleil et des températures agréables. La situation de la vigie est parfaite: on ne peut pas nous louper, on fait de l’effet. Notre lieu très agréable : de superbes chênes même si on peut recevoir des glands sur la tête. Nous avons distribué plusieurs dossiers de presse dont à une personne travaillant dans le secteur Voyage à l’OMS. Elle nous a confié que personnes ne parlaient de nous dans son service mais il vrai que leur bâtiment est tellement immense et aussi que les gens se taisent, gardent pour eux leurs émotions, leur resenti face à notre présence. Le temps nous dira l’évolution. Elle mentionnait aussi un point important: si l’OMS se musèle c’est aussi à cause des accords diplomatiques avec la Russie, car elle ne veut pas faire de l’ombre à nos chers promoteurs de l’atome. Est-ce que quelqu’un a des infos sur les relations via Tchernobyl ? Nous avons eu beaucoup d’encouragements que ce soit de la part des jardiniers, des passants, des chauffeurs de bus, des personnes dans le bus, des touristes (passant en car : j’ai été orifiée de voir que l’OMS fait partie des bâtiments où les touristes s’arrêtent et prennent des photos: quand on sait, comme nous, leurs mesonges, on en a la nausé. Dans tous les cas, ces gestes d’encouragements et ces moments de discution informant le pourquoi du comment de notre action donne du baume au cœur.

2ème Jour : le 28 agosto: Nous passons le relais à François et Éric. Pendant ce temps le matin, nous sommes allées à la bibliothèque de l’OMS. J’ai eu un très bon contact avec le bibliothécaire. C’est de là que vous avez reçu les infos et docs qu’on l’OMS. Il me faisait part également qu’il faudrait se rendre à l’ONU car eux aussi ont des docs via Tchernobyl. Cela serait très profitable que quelqu’un y fasse un tour. Pour info, le résumé sur le rapport de la Santé 2007 est disponible à l’entrée et l’intégralité du rapport en vente à la bibliothèque pour le prix de 20 Francs Suisses (il est à moitié prix si on l’achète auprès d’eux car sinon il coûte 40 FSuisses).

3ème jour : le 29 agosto: Vigie assurée par François et Éric.

4ème Jour : le 30 agosto: Là, le temps est nettement plus hostile, de la pluie de 8h à 15h, et ensuite beaucoup de vent, mais celui-ci était le bien venu car cela a permis que nos manteaux sèchent pour le lendemain. On peut remarquer que lorsque la météo n’est favorable nous avons encore plus d’encouragements. Il saluent le courage de rester contre vents & marée. C’est pour cette raison que je pense qu’être présents lors de la période hivernale ne fera que donner encore plus de poids à notre détermination. Une femme (qui ne parle qu’anglais) travaillant au bâtiment se trouvant devant notre vigie est venue nous parler. Nous lui avons demandé à quoi ces locaux servaient: “C’est l’ancien secteur destiné au SIDA. Aujourd’hui, il ne reste que quelques bureaux au sous-sol pour le SIDA et les autres sont réservés au secteur informatique”. Elle confiait également, que si nous voulions avoir plus de poids, il serait intéressant de manifester aussi dans les rues de Genève et ce pour que tous les citoyens soient au fait de notre présence. Et que ce double mode de présence les embêtaient encore plus. Vous en pensez quoi ? Moi je pense que c’est une idée à ne pas négliger. D’ailleurs le 08/09 manifestation à Berne organisée par ContrAtom: est-ce que nos panneaux de vigies y seront? Il me semble que cela serait très opportun, mais cela est peut-être déjà prévu ? Nous avons distribué plusieurs dossiers de presse à des Indoux qui travaillaient toute la semaine entre l’OMS et les locaux de l’Immigration (ils nous ont pris en photo), à un Asiatique qui nous a pris en photo également, un Américain habitant Washington et à d’autres passants.

5ème jour : le 31 agosto: Aujourd’hui ciel bleu mais un vent venant de l’Est qui glace les os. Nous sommes vendredi et moins de personnes travaillent, on le constate via le flux des véhicules. Nettement moins de contacts. Par contre une rencontre très intéressante: une jeune femme traductrice qui nous félicitaient de notre engagement et de la périnité de l’action. Lors de notre discussion, je lui disais qu’on ne lâcherait pas, mais que notre lutte était comparable “au pot de terre contre le pot de fer” et là sa réponse spontanée et très pertinente “Oui, mais le pot de fer va rouiller et le pot de terre vaincra car ces personnes de l’OMS mentant à la terre entière ne resteront pas éternellement impunis”. Ce fût un fort encouragement. Une autre personne travaillant à l’OMS (avec sa moto verte datant d’après la guerre) est venue en sortant de son travail chercher un dossier de presse. Cela démontre qu’on s’interroge et qu’ils veulent en savoir plus.

En conclusion, je pense que les choses vont bouger dans quels délais, seul l’avenir nous le dira: nous continuons cette action qui est magnifique. Je tiens à remercier Philippe qui nous a prèté son camion et nous a permis de faire partie de l’équipe des vigies et de prendre la température de l’OMS.
Bonne vigie aux prochains et à très bientôt à tous.
Karine Plantier
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Éric Bonnaire, Karine Plantier, François Simonet y Séverine Durand delante de la OMS del 28 al 30 agosto de 2007
Éric Bonnaire (Verdun-Francia), Karine Plantier (Sautron-Francia), François Simonet (Bar le Duc-Francia) y Séverine Durand (Bouvron-Francia)
del 28 al 30 agosto de 2007


Au début, on appréhende un peu. On a peur de ne pas tenir le coup, dix heures d’affilée presque sans interruption, de trouver le temps long. De fait, quand quelques centaines de voitures sont passées, sans que la plupart du temps leurs occupants ne nous adressent un regard, on se laisserait presque gagner par le doute. Est-ce que ça les touche un peu tout de même ou faisons-nous maintenant partie du décor ? Un peu d’écœurement aussi, à voir défiler tous ces modèles de luxe, dernier cri –le salon de l’auto, comme disent nos hôtes- à voir tout ce déballage de fric et d’arrogance. Quelle peut être la réelle motivation de ces gens censés œuvrer pour le bien de l’humanité, et si attachés à ces signes extérieurs de richesse ?

Mais très vite malgré tout on nous adresse des signes d’encouragement, un amical bonjour d’une passante ou d’un cycliste que nous verrons tous les matins, un signe de la main de la part d’un chauffeur de bus, ou d’un passager, parfois de tout un groupe de touristes dans le car qui vient faire un petit tour delante de la OMS – “voyez, ici c’est l’OMS”. Parfois, un conducteur ralentit pour lire les panneaux, dresse le pouce vers le haut ou nous fait le V de la victoire, bravant le klaxon du monsieur-important-qui-est-très-pressé derrière lui. Il y a aussi cette dame qui s’arrête à notre hauteur, nous adresse un large sourire en brandissant son poing fermé. Et puis la “délégation” indienne qui passe tous les matins, nous saluant et nous encourageant. Et même, de temps à autre, un “corps diplomatique” nous adresse un signe de soutien. Il y a aussi ces quelques moments, rares mais souvent poignants, de personnes qui viennent nous livrer leur témoignage, après avoir lu le dossier de presse que nous leur avons remis la veille. Ainsi, un Japonais, engagé dans son pays, qui nous parle d’Hiroshima et de Nagasaki, des populations qui là-bas aussi auraient dû être évacuées et qui ont été utilisées comme cobayes pour tester les effets de radiations. Il nous dit aussi que notre action est la bonne, mais nous devons savoir que ça demandera beaucoup de temps avant qu’ILS ne plient, des mois, peut-être des années; il nous faut tenir bon, nous devons continuer. Il nous serre chaleureusement la main et nous adresse ses remerciements, un peu ému semble-t-il. Il y a eu aussi cette jeune femme, travaillant pour l’une de ces “grandes organisations”, parfois en lien avec l’OMS. Elle nous adresse un grand merci. Elle avait voulu à l’origine se rendre utile en travaillant pour une organisation comme l’ONU et elle paraît maintenant très désabusée. Il y a beaucoup de corruption dans ces grandes organisations, lâche-t-elle. Elle semble regretter qu’il n’y ait pas plus de bruit dans la presse à propos de cette action. Elle nous dit aussi qu’il ne faut pas considérer l’OMS comme une victime dans cette affaire, que de toute façon, il y a des domaines où l’OMS décide de son propre chef de ne pas intervenir pour ne pas heurter certains intérêts. Elle nous parle des conditions de travail du “petit personnel”: même dans l’entreprise la plus capitaliste, les employés ont plus de garanties et de droits qu’ici. ILS ne sont pas soumis aux lois sur le travail. ILS ont leur propre règlement interne, mais tout ça c’est de la blague.

Et puis il y a eu aussi cette dame, qui “y” travaille et qui a fini par venir nous voir pour nous encourager, nous disant que nous devrions aussi mener cette action dans le centre-ville, où nous toucherions plus l’opinion publique, ce qui LES ennuierait davantage. Parce qu’ici, il n’y a guère que les gens qui travaillent à l’OMS qui vous voient, et ça ne leur fait sans doute ni chaud ni froid. Et puis nous avons en tête l’ampleur de cette catastrophe, le sacrifice consenti par le million de Liquidateurs, les populations qu’on maintient sciemment dans les zones contaminées, les centaines de milliers d’enfants malades et ceux qui sont déjà morts, ces “jeunes mères contaminées qui deviennent source de poison pour les nouvelles vies confiantes qui se forment en elles” (in Le crime de Tchernobyl, W. Tchertkoff), les victimes qui s’annoncent par centaines de milliers. Et nous leur devons bien ça. Alors certes, la première journée a été un peu dure, malgré le beau temps. Mal aux pieds, aux jambes, un peu tendus nerveusement peut-être. Mais une bonne demi-heure de marche à pied pour rejoindre nos quartiers, un bon repas dans une ambiance des plus chaleureuses chez nos hôtes, Fabienne et Stéphane, que nous remercions vivement pour leur accueil, une bonne nuit de sommeil et nous étions à nouveau d’aplomb, plus déterminés encore que la veille, malgré la pluie presque incessante; et puis la chance de n’être pas seul, pour pouvoir échanger, s’encourager.
À la fin de notre tour de vigie, nous sommes persuadés que cette action est la bonne et qu’elle portera ses fruits. Mais à condition de durer le temps qu’il faudra. Notre présence continuelle finira bien par les ébranler. Il y a d’ailleurs déjà des signes de contestation “en interne” et les quelques témoignages que nous avons pu recueillir n’ont fait que renforcer notre détermination.
Eric et François


Peut-être vous êtes-vous demandé pourquoi on parle si peu, actuellement des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sur la santé des gens de “là-bas”… ? Le césium 137 et le strontium 90, largement répandus dans les sols dans toute la région et qui ont une durée de vie de 300 ans, ne laisseraient-t-ils aucune trace dans les organismes des populations nombreuses qui vivent encore là ? Et deuxième question: pourquoi justement reste-t-il encore des populations nombreuses et notamment des enfants, dans ces régions irradiées et pourquoi n’ont-elles pas été évacuées ?

Premier point: il y a bien, effectivement des dégâts importants sur la santé des autochtones. Prês de 500.000 enfants qui n’étaient pas nés au moment de la catastrophe, il y a 21 ans, souffrent de dommages radiologiques : maladies cardiovasculaires endocrines, malformations et autres “monstruosités” sont dues à l’ingestion régulière d’aliments contaminés et par l’accumulation de ces corps radio-actifs dans le cœur, les muscles, les os… (On repère d’ailleurs les mêmes symptômes chez les combattants du Golf qui ont eu “affaire” à l’uranium appauvri…
Deuxième point : pourquoi, alors, ces maladies ne sont-elles pas connues, révélées ? Ce serait, en l’occurrence, la tâche de l’OMS (WHO) de le faire. Or il se trouve qu’il existe un contrat entre l’OMS et l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA), passé entre les deux organisations en 1959, qui stipule que “chaque fois que l’une des parties se propose d’entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l’autre partie, la première consulte la seconde en vue de règler la question d’un commun accord”. (Article 1, paragraphe 2). Or, l’AIEA a pour mission “d’encourager, d’aider et de coordonner dans le monde entier, les recherches ainsi que le développement et l’utilisation de l’énergie atomique, à des fins pacifiques.” Pour qui sait lire entre les lignes et en constatant le silence assourdissant autour de ces nombreuses et lamentables victimes de Tchernobyl, ce contrat revient à taire les conséquences dramatiques de la catastrophe. (Ajoutons que sur le million de jeunes “Liquidateurs” de vingt ans qui ont travaillé sur le site pour empêcher une déflagration encore plus dévastatrice, cent milles sont déjà morts, le triple sont gravement atteints des mêmes troubles. Or, l’OMS ne dénombre officiellement que 51 morts, au total, pour cette catastrophe nucléaire.
Troisième point : l’OMS continue à suivre ces pathologies (qu’elle connaît donc fort bien), à faire des statistiques, à observer et analyser ces phénomènes sanitaires. De là à se demander si cette catastrophe n’est pas utilisée comme test, comme expérience en grandeur nature des conséquences qu’une irradiation “douce” (contrairement à une bombe atomique) peut entraîner sur une population humaine, il n’y a qu’un (petit) pas à faire…

Pour dénoncer cet accord et demander sa révision, depuis avril 2007, tous les jours, de 8 à 18 heures, deux ou trois militants se relaient, différents chaque semaine, avec des pancartes, devant le siège de l’OMS à Genève, et cela pour une durée indéterminée. Le calendrier est déjà plein jusqu’en novembre. Une présence discrète, assidue qui commence à faire parler d’elle. La dernière semaine d’agosto, c’étaient deux Meusiens qui prenaient leur tour.
François Simonet
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